Le plastique à usage unique n’est plus fantastique

– chaque année, 8 millions de tonnes de déchets plastiques entrent dans les océans… –

C’est l’équivalent de vider chaque minute un camion poubelle plein de déchets plastiques dans l’océan.

Le plastique est devenu omniprésent dans nos vies et dans la nature. Il est devenu un matériau banal utilisé tous les jours, partout et par tout le monde. L’agriculture, le transport, l’événementiel, la santé, l’hygiène, le tourisme, la mode, la logistique, etc., toutes les industries utilisent et consomment du plastique de diverses manières.

Selon les Nations unies, 50 % du plastique consommé est jetable ou à usage unique, ce qui signifie qu’il se retrouve dans nos poubelles après quelques heures ou jours d’utilisation seulement. L’enjeu majeur est que le plastique peut mettre jusqu’à 1 000 ans à se décomposer, ce qui a des conséquences désastreuses sur les écosystèmes naturels.

D’ici 2050, si rien n’est fait, 12 milliards de tonnes de déchets plastiques se seront accumulés sur la planète, dans la nature et dans les océans, selon les projections de la Fondation Ellen MacArthur. C’est un fléau environnemental et sanitaire qui ne peut être ignoré.

 

Qu’est-ce que le plastique à usage unique ?

Selon la Commission européenne, un « produit en plastique à usage unique » est « un produit fabriqué entièrement ou partiellement en plastique et qui n’est pas conçu, dessiné ou mis sur le marché pour accomplir, au cours de sa durée de vie, de multiples voyages ou rotations en étant retourné à un producteur pour être rechargé ou réutilisé dans le même but que celui pour lequel il a été conçu« .

Ainsi, un plastique à usage unique représente tous les produits fabriqués en plastique et initialement conçus pour être utilisés une seule fois. Par exemple, une bouteille d’eau remplie une seconde fois par son utilisateur reste une bouteille à usage unique car la bouteille n’est pas adaptée à une seconde utilisation : elle se dégradera, perdra en qualité à la suite de sa première utilisation.

Dans tous les secteurs d’activité et toutes les zones géographiques, les acteurs produisent, vendent ou consomment des plastiques à usage unique de formes, de volumes et de fonctions variés : sacs plastiques, sacs poubelle, films plastiques, couverts, sachets individuels, boîtes, canettes, emballages, gobelets, bouteilles, tubes de dentifrice, objets promotionnels, goodies, chips d’emballage, mousse de protection, papiers bulles, masques à usage unique, dispositifs médicaux à usage unique, échantillons, décorations, objets de scénographie, podiums, autocollants, badges, etc. la liste est infinie.

Le plastique est devenu omniprésent dans notre vie quotidienne, mais sommes-nous conscients des conséquences de son utilisation ?

Quels sont les impacts du plastique à usage unique sur notre santé et notre planète ?

Dans un rapport publié en février 2019, le Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL) met en garde contre l’impact sanitaire du plastique. Il a un effet négatif tant pendant sa phase de production que de consommation, lorsqu’il est utilisé, traité comme un déchet ou rejeté dans l’environnement. Tout d’abord, lors de l’extraction des matières premières, des substances chimiques et toxiques sont libérées dans l’atmosphère, l’eau et les sols. Pendant la phase de transformation, ces matières premières sont transformées en plastique, des éléments toxiques et cancérigènes sont libérés dans l’atmosphère, en raison des additifs et des procédés pétrochimiques.

Ensuite, lorsque les consommateurs utilisent des produits ou des emballages en plastique, ils ingèrent ou inhalent des microparticules de plastique. En moyenne, une personne avale 5g de plastique par semaine ! C’est l’équivalent de l’ingestion d’une carte de crédit par semaine selon un rapport du WWF et de l’Université de Newcastle, en Australie. En effet, selon une étude publiée le 9 septembre 2021 dans la revue Microplastics and Nanoplastics, du groupe Nature, il y aurait 5 fois plus de quantités de microplastiques en suspension dans la partie supérieure des océans du monde que nous le pensions, soit 24,4 trillions de morceaux de microplastiques, d’une taille comprise entre 1 et 5 millimètres. Selon cette étude, cela n’est pas dû à une explosion des déchets plastiques entrant dans nos océans mais à une sous-estimation des quantités quantifiées par les travaux précédents. Ces microplastiques ont un fort impact sur la biodiversité marine. Les microplastiques concentrent à leur surface un grand nombre de polluants et permettent la propagation de virus et de bactéries. Les espèces marines les confondent avec le zooplancton et les ingèrent. Ainsi, on retrouve du plastique dans 94% des estomacs des oiseaux de la mer du Nord. Ces microplastiques ont donc un impact sur l’ensemble de la chaîne alimentaire.

À la fin de leur cycle de vie, les déchets plastiques sont traités de trois manières : incinération, recyclage ou mise en décharge. L’incinération libère de nombreuses substances toxiques dans l’environnement. En 2015, 79 % des déchets plastiques ont fini dans des décharges ou dans des écosystèmes naturels, ce qui représente une source encore plus importante de pollution de l’eau, des sols et de l’air.

 

Quels sont les actions mises en œuvre dans le monde ?

Le monde entier est de plus en plus conscient des effets négatifs de l’utilisation du plastique. Le WWF a publié une grande vidéo de sensibilisation sur le cycle de vie d’une cuillère en plastique à usage unique, depuis la création de la terre. Les citoyens se mobilisent dans le monde entier et font entendre leur voix, appelant à un changement du modèle de production et de consommation pour s’éloigner des plastiques à usage unique et jetables. De nombreux acteurs publics et privés ont commencé à prendre des mesures pour lutter contre la pollution plastique. L’environnement législatif et réglementaire évolue et illustre l’évolution des mentalités face aux enjeux des déchets plastiques. En juin 2019, l’Union européenne a mis en place la directive 2019/904, pour améliorer la réduction de l’impact environnemental de certains produits en plastique. En février 2020, la France a voté les directives anti-déchets et Économie circulaire, transformées en loi par le parlement, pour fixer un objectif de fin de commercialisation et de distribution des plastiques à usage unique d’ici 2040.

De nombreuses villes dans le monde ont commencé à mettre en œuvre des politiques visant à interdire le plastique à usage unique.

Les villes de Munich et de San Francisco se concentrent toutes deux sur un secteur ou une zone spécifique.

En Allemagne, la ville de Munich est l’un des pionniers de l’intégration de la problématique du plastique à usage unique dans le secteur des événements. La réglementation de la ville a interdit la vaisselle jetable. Les acteurs de l’événementiel ont dû innover et déployer des services de location de vaisselle et de matériel en partenariat avec les organisations locales.

Aux États-Unis, l’aéroport de San Francisco a interdit toutes les bouteilles en plastique. Désormais, l’eau devra être conditionnée dans des bouteilles en verre ou dans des matériaux certifiés compostables.

La ville de Berkeley a mis en place une politique sans plastique

La ville de Berkeley, en Californie, s’est lancée dans une ambitieuse politique sans plastique. « Au fildes ans, la quantité de déchets plastiques jetés dans les filières de recyclage et de mise en décharge a considérablement augmenté. Et plus de la moitié de ce plastique est de la nourriture« , a expliqué Sophie Hahn, membre du conseil municipal de la ville de Berkeley. L’ordonnance de Berkeley sur les plastiques à usage unique et la réduction des déchets sauvages a fourni une solution globale pour passer du plastique aux produits alimentaires réutilisables. Au cours de la première phase du projet, le programme a mis en œuvre plusieurs mesures. La vaisselle jetable est interdite pour les repas à l’intérieur. Les emballages des aliments à emporter doivent être compostables ou réutilisables. Les gobelets à emporter sont facturés 25 cents afin d’inciter les clients à apporter leur propre gobelet. Les accessoires (pailles, couvercles, argenterie, serviettes) ne sont fournis que sur demande du client. Pour soutenir les restaurants dans cette transition, le programme offre de petites subventions pour financer les lave-vaisselle et les articles réutilisables, ainsi qu’une assistance technique pour mettre en œuvre ces changements. La deuxième phase du programme consiste à créer un système d’articles alimentaires réutilisables « à emporter » dans toute la ville.

La Ville de Paris guide ses acteurs vers une politique sans plastique

Pour atteindre le zéro déchet plastique à usage unique en 2024, la Ville de Paris a présenté en mars 2021 une feuille de route ambitieuse. La Ville de Paris a choisi Circulab pour animer la création, l’hébergement, la coordination et le développement d’un réseau d’acteurs économiques privés et publics engagés  » zéro plastique à usage unique « . Dans le cadre de sa mission, Circulab a publié 5 guides théoriques et pratiques pour aider les acteurs à éviter les déchets plastiques à usage unique, qui sont dédiés aux secteurs professionnels suivants : Alimentation et boissons, Santé et hygiène, Transport et logistique, Tourisme et itinérance dans la ville, Événements et loisirs. L’objectif du guide est d’accompagner les acteurs dans la mise en œuvre du site actions pour réduire, repenser ou stopper l’utilisation des plastiques à usage unique, par l’éco-conception, la réduction des usages, la réutilisation et l’optimisation du tri sélectif. Chaque guide rassemble des chiffres clés, des rappels réglementaires, des bonnes pratiques, des retours d’expérience, des ressources et des listes d’alternatives plastiques, pertinents pour chaque secteur. A chaque étape de la transformation sans plastique, les acteurs pourront utiliser des fiches outils pour les accompagner. Ces 5 guides, publiés en français, sont téléchargeables gratuitement sur le site de la ville.

Il ne s’agit pas du matériau, mais d’une nouvelle conception de l’utilisation.

Il ne fait aucun doute que la matière plastique est très utile. C’est une matière première flexible, légère et incassable qui peut être utilisée dans tous les secteurs. Son utilisation est cruciale dans le secteur de la santé car elle permet la stérilisation des produits et réduit les risques sanitaires.

Le problème ne vient donc pas du matériau en lui-même mais de sa finalité. Le plastique est un matériau fait pour durer. Il met des centaines d’années à se décomposer et laisse des microparticules derrière lui. Le paradoxe est qu’un produit en plastique à usage unique est initialement conçu pour être utilisé une seule fois alors que le matériau durera des années et des années par la suite. Les bouteilles biosourcées ou les brosses à dents en bambou ne sont pas la (principale) solution. La réduction du volume, la réutilisation des produits et le recyclage du tout dernier matériau sont plus en phase avec les fonctions du matériau. Il s’agit alors de trouver un mix n’ match entre le matériau lui-même et sa durée d’utilisation.

Jetez un coup d’œil aux entreprises qui ont mis en place des alternatives au plastique usage unique dans le monde.

De nombreuses entreprises sont désormais spécialisées dans la commercialisation de solutions pour remplacer les bouteilles ou les gobelets en plastique à usage unique, comme Castalie, (avec fontaine à eau pour les entreprises), 24Bottles, Ecocup,

Dans l’industrie alimentaire, des systèmes de dépôt et des magasins en vrac sont développés par des entreprises telles que Loop, Club Mate, L’intendance ou Webulk.

Dans le secteur du transport et de la logistique, des solutions d’emballages consignés ont été développées par Loadhog ou Pandobac.

Dans le secteur de l’hygiène et de la santé, de plus en plus de marques proposent des emballages consignés, comme Lush, Cozie, the Naked Shop.

Dans le secteur de l’emballage, des emballages de substitution sont également créés par Traceless, TIPA, Storopack ou Cellulopack.

Maintenant, c'est à vous.

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