Le compostage : une des clés de l’économie circulaire

Focus sur le compostage à 9 mois de l’entrée en vigueur de l’obligation de tri à la source des biodéchets prévue dans la loi AGEC & décryptage des solutions existantes.

La nature ne produit pas de déchets : si l’on prend l’exemple d’un arbre, les feuilles tombent au sol, se décomposent puis viennent enrichir la terre qui nourrira l’arbre et ainsi de suite.

L’une des clés de l’économie circulaire est de rendre à la terre nos déchets pour qu’ils puissent se transformer en ressources et continuer à alimenter la boucle, à créer un cycle vertueux !

Pour cela, les défis sont de taille :

  • Valoriser les biodéchets produits par les citoyens et les entreprises (nos restes de repas et de préparation). Nos poubelles sont constituées à un tiers de biodéchets, la marge de manœuvre est donc conséquente !
  • Concevoir des produits qui sont compostables et qui seront réellement compostés.

Le compostage : comment ça fonctionne ?

Le compostage est un processus naturel de décomposition des déchets organiques en présence d’oxygène, d’eau et de micro-organismes comme les bactéries, les champignons et les petits invertébrés.

Ces trois éléments sont essentiels pour que le compost se déroule dans de bonnes conditions et que le produit obtenu soit qualitatif.

Une bonne aération permet aux bactéries de s’implanter et de jouer leur rôle de décomposition. L’action des bactéries entraîne également la montée en température qui permet l’hygiénisation du compost.

Au bout de quelques mois, le compost obtenu devient un excellent fertilisant et amendement pour les sols. Il enrichit le sol, améliore sa structure et la rétention d’eau… ce qui n’est pas négligeable en période de sécheresse !

Mais attention, si le compost n’est pas correctement aéré, on passe dans un état de décomposition anaérobie, qui dégage du méthane (un gaz à effet de serre très puissant) et de mauvaises odeurs.

Concevoir ou acheter des produits compostables : Ce qu’il faut savoir/Des produits vraiment recyclables ?

  • Et si le produit était biodégradable ?
  • Et si jeter tout ou une partie du produit était vertueux ?

On peut rêver qu’à l’image de la nature, on conçoive des produits qui soient tous biodégradables et compostables, qu’ils retournent à la terre en fin de vie. Une vraie économie régénérative ! Nous en sommes en encore loin, mais déjà certains produits, comme des sacs, des emballages, de la vaisselle, etc, sont labellisés « compostables ».

Savoir décrypter les indications :

  • Pour que le produit se décompose dans un composteur domestique, il faut que le logo comporte la mention « OK compost Home ». Cela veut dire qu’il pourra se décomposer même à basse température.
  • Le logo « OK compost » indique à lui seul que le produit peut se décomposer sur une plate-forme de compostage industriel. Cela ne fonctionnera pas dans un composteur individuel, car le tas de compost ne montera pas assez en température, le volume et l’aération seront insuffisants pour décomposer efficacement la matière.À noter que les produits  » OK Compost  » sont certes compostables en plateforme industrielle. Mais pour le moment, rarement compostés car il n’y a pas de filière organisée.  Si un particulier achète de la vaisselle « OK Compost » et que la collecte des biodéchets n’est pas mise en place sur son territoire, elle finira probablement dans le bac Recyclable ou dans son compost où elle restera intacte pendant des mois avant de finir à l’incinérateur…

    En revanche, lors d’événements (par exemple des festivals), la vaisselle compostable utilisée pourrait être collectée et envoyée vers une plate-forme de compostage. En général, la vaisselle réutilisable est à privilégier.

  • Pour les sacs ou emballages « OK Compost Home », il faut également veiller à ce qu’ils ne soient pas jetés dans le composteur avec leur contenu, comme cela arrive régulièrement, car les biodéchets vont fermenter à l’intérieur du sac au lieu de se composter, donc entraîner une production de méthane et de mauvaises odeurs.Pour en savoir plus : la fiche du Réseau Compost Citoyen sur le sujet, réalisée avec le soutien de l’Ademe : https://reseaucompost.org/sites/default/files/2022-10/Fiche-8-compressed.pdf

Un sujet au cœur de l’actualité

Dans le cadre de la loi AGEC, à partir du 1er janvier 2024, tous les ménages devront disposer d’une solution leur permettant de trier leurs déchets biodégradables. Les collectivités territoriales chargées de la mise en œuvre de cette disposition devront leur proposer des moyens communs ou complémentaires de tri à la source.

Jusqu’à fin 2022, cette obligation de tri à la source des biodéchets ne concernait que les entreprises et collectivités dont la production annuelle dépassait 10 tonnes. Depuis le 1er janvier 2023, ce volume a été abaissé à 5 tonnes. Elle sera supprimée et alignée sur les ménages au 1er janvier 2024.

La règlementation de la loi AGEC entre dans le cadre d’une directive européenne publiée en mai 2018. Elle exige la généralisation du tri à la source dans les autres pays de l’UE à la même échéance. Certains pays européens sont déjà bien avancées depuis des années. C’est le cas de l’Autriche, championne européenne du compostage, où 80 % de la population bénéficie déjà d’une collecte séparée des déchets organiques et qui est le premier pays européen en termes de quantité de déchets compostés.

De nombreuses villes européennes ont mis en place une collecte séparée des biodéchets depuis plusieurs années, comme Ljubljana, Copenhague, Londres et Milan. Hors Europe, la ville de San Francisco fait figure de pionnière. Depuis 2009, les biodéchets sont collectés puis compostés sur des plateformes pour enrichir les terres viticoles !

Où en sont les collectivités locales françaises en la matière à neuf mois de la mise en œuvre ? Elles s’activent sur le sujet mais peu seront vraiment prêtes à l’heure… Des stratégies différentes selon les territoires : alors que les territoires ruraux ou péri-urbains optent pour le tout compostage, les territoires urbains peuvent opter pour le tout collecte et d’autres pour des solutions mixtes combinant les deux approches.

À chaque échelle, sa solution

Pour mettre en œuvre le tri à la source, la solution la plus facile à déployer, la moins cher et la plus vertueuse au niveau environnemental reste le compostage domestique: depuis 15 ans, de nombreuses collectivités proposent à leurs habitants un composteur pour leur jardin avec une rapide formation. De nombreux composteurs ont été distribués à ce jour.

En habitat vertical, place au compostage partagé avec les sites de compostage en pied d’immeubles ou de quartier.Une solution relativement adaptée pour des petits collectifs ou petites copropriétés, mais elle a ses limites dans les centres-villes denses ou pour les gros producteurs de biodéchets.

À plus grande échelle, c’est la collecte qui prend le relais avec la mise en place de nouveaux circuits et modes de traitement : envoi sur une plateforme de compostage ou méthanisation.

Les plateformes de compostage peuvent être de taille industrielle ou de taille beaucoup plus réduite, avec le compostage en bout de champ, par exemple chez les agriculteurs. Les méthaniseurs permettent d’obtenir du biogaz et du digestat, une solution qui semble intéressante pour fournir une nouvelle source d’énergie décarbonée et un fertilisant pour le sol.

Néanmoins, en l’état actuel des connaissances, les digestats obtenus semblent moins intéressants d’un point de vue agronomique que le compost (il ne comporte notamment pas la microfaune du sol) et leur valeur est très variable selon les intrants méthanisés.

Un secteur qui se structure et se développe

Au vu des enjeux, le secteur s’est professionnalisé et structuré ces dernières années avec l’Ademe, notamment avec la structuration d’un référentiel et d’un parcours de formation professionnalisante.

Le métier de maître composteur est apparu pour accompagner les collectivités dans la mise en œuvre du compostage, et de nouvelles entreprises et solutions se sont développées et continuent d’émerger dans les territoires:

  • pour accompagner le développement du compostage auprès des collectivités locales ou des gros producteurs : de nombreuses associations et entreprises regroupées au seindu réseau Compost citoyen, au réseau Compost in situ ou aux Alchimistes.
  • pour proposer de nouveaux équipements de compostage – par exemple Upcyle avec son composteur électro-mécanique, Complementerre avec le composteur grutable.
  • faciliter le suivi du compostage ou sensibiliser via des outils numériques – par exemple le logiciel de suivi du compostage de proximité des Epigées, le serious game d’Organeo.

Article rédigé par Isabelle Clouet, membre du Circulab community, avec la collaboration de Romain Crochet, formateur de la SCOP Les Epigées, basée à Chambéry. Isabelle est co-fondatrice de Compost’Action, association pour la promotion et le développement du compostage de proximité, et y a œuvré pendant 10 ans.

En 2022, l’association devient la SCOP Les Epigées, elle intervient sur les 2 Savoie et a un rayonnement national sur la formation des acteurs du compostage.

Maintenant, c'est à vous.

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